Communauté de communes Albères - Côte Vermeille - Illibéris : 1 territoire - 15 communes

Angèle, animatrice sur les accueils de loisirs

“Visages et Métiers de la communauté de communes”

Une trentaine d’agents qui œuvrent quotidiennement à votre service se sont prêtés au jeu de l’interview.
Merci à eux !
Merci à Lionel Pedraza pour son travail de photoreporteur !

Aujourd’hui, Angèle nous raconte son métier d’animatrice sur les accueils de loisirs de la communauté de communes Albères – Côte Vermeille – Illibéris

“J’atteins mon objectif lorsqu’un enfant en difficulté arrive petit à petit, grâce au soutien que nous lui apportons, à trouver sa place au sein du groupe, que son attitude et ses réactions changent et qu’il s’ouvre aux autres en toute sérénité.”

“Notre métier c’est participer à l’épanouissement de l’enfant au travers de nos actions quotidiennes.”

Originaire de la Côte d’Ivoire où elle a passé son enfance, Angèle a longtemps vécu dans le Val d’Oise.

Après un bac scientifique et des études en informatique, Angèle poussée par son esprit curieux a d’abord travaillé comme aide informatique et auxiliaire de vie scolaire.

Ses premiers pas dans l’animation, elle les a faits comme animatrice d’ateliers informatique dans une école primaire. Sous les conseils du directeur de l’école, qui voyait en elle une forte propension pour le travail auprès d’enfants, Angèle a décidé de se former et a décroché son brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) via les FRANCAS. Elle a ensuite été formatrice bénévole pour cet organisme.

En 2010, Angèle a quitté le Val d’Oise pour suivre son mari, qui sous le charme de notre région, souhaitait s’y établir. Sans emploi et désireuse de s’investir, Angèle a pris son courage à deux mains et est allée frapper à toutes les portes. Elle a commencé par effectuer quelques remplacements sur plusieurs accueils de loisirs du territoire, avant d’obtenir un poste sur ceux de Saint-Genis-des-Fontaines et de Saint-André.

Parlez-nous de votre métier

J’ai découvert la voie de l’animation un peu par hasard et ça a été une révélation, j’adore ce que je fais ! Pour exercer cette profession, il faut faire preuve de patience, de bienveillance, c’est aussi une attention et une écoute permanente. Nous, adultes, nous représentons aux yeux des enfants celui ou celle qui leur apporte de l’assurance, de la confiance, de la sécurité et quelque chose qui ressemblerait à une forme d’affection.

J’atteins mon objectif lorsqu’un enfant en difficulté arrive petit à petit, grâce au soutien que nous lui apportons, à trouver sa place au sein du groupe, que son attitude et ses réactions changent et qu’il s’ouvre aux autres en toute sérénité.

Travailler dans le domaine de l’enfance, c’est avant tout une grande source de joie, être au contact de petits me permet de conserver mon petit grain de folie, de garder une âme d’enfant. On ne s’ennuie jamais !

L’animation n’est pas comme on l’entend souvent, « la garderie ». C’est un peu plus que cela. Les activés ou les projets que nous proposons sont le fruit d’une réflexion collective et doivent impérativement répondre à des critères pédagogiques bien précis, entre autres : garantir le bien-être physique et moral des enfants, favoriser l’autonomie, l’acquisition de savoirs techniques, la socialisation, l’apprentissage de la vie en collectivité etc. Tout est notifié dans le projet pédagogique défini en début d’année, le fil conducteur de l’équipe.

L’accueil de loisirs est un lieu où l’enfant doit se sentir en confiance et serein. Nous nous attachons à créer un climat bienveillant, joyeux, comme une sorte de bulle où l’on peut se reposer, se distraire, apprendre, partager, se confier etc.

Notre métier c’est participer à l’épanouissement de l’enfant au travers de nos actions quotidiennes.

Comment se passe une journée type

Les grandes missions récurrentes sont d’accueillir et d’accompagner les 3-11 ans, mais la journée type n’existe pas, nous composons avec l’humeur de chaque enfant et avec celle du groupe. C’est là tout le charme de notre métier.

J’interviens sur les temps périscolaires, c’est-à-dire en dehors des heures de classes, les lundis / mardis / jeudis et vendredis. Pendant que les enfants sont avec les instituteurs, nous en profitons soit pour nous réunir et faire le point sur les projets, l’organisation, un éventuel problème rencontré avec un enfant ou une interrogation à son sujet ; soit pour ranger et nettoyer le local et le matériel pédagogique ; soit pour préparer une activité.

Trois temps forts structurent mes journées, les accueils du matin et du soir et la pause méridienne. Ces trois moments sont organisés en fonction du rythme et comme je le disais, de l’état d’esprit des enfants à leur arrivée.

Sur ces 3 périodes, nous leur proposons un panel d’activités ludiques, sportives, manuelles et cognitives.

Le matin, dès 7h30, tout est prêt pour recevoir les premiers arrivants. C’est un temps que nous voulons calme pour une mise en route tout en douceur avant d’attaquer la journée d’apprentissage. L’enfant est libre selon son envie du moment de se reposer tranquillement, de dessiner, de lire, de jouer avec ses camarades ou de faire du sport. Je profite de ces instants pour bavarder avec eux. Ces discussions anodines sont importantes pour eux comme pour nous, elles permettent de créer du lien. C’est souvent à ces occasions qu’ils s’épanchent et nous confient leurs petits ou grands tracas.

Comme nous les conduisons le matin à l’école, nous les récupérons le soir jusqu’à 18h30. Ce temps du soir se déroule sensiblement sur la même ambiance que celui du matin. Les enfants sont fatigués par les longues heures d’étude. Nous ne leur imposons rien de particulier, si ce n’est de prendre leur goûter dans le calme et de s’apaiser avant de rentrer à la maison.

Quel que soit leur choix d’activité nous les accompagnons et nous restons à l’écoute de leurs demandes.

Le matin ou le soir, nous échangeons avec les parents. Nous avons un rôle de « correspondant » entre les familles et l’école. Nous faisons circuler les informations. Ces conversations, sont aussi l’occasion de comprendre certains comportements et d’apporter des réponses appropriées. Nous évoquons également les activités réalisées au sein de l’accueil de loisirs. Les parents sont toujours ravis de voir ce que leur enfant est capable d’accomplir. Que ce soit le rendu d’une activité manuelle, ou une prise de position sur un projet.

C’est sur le temps méridien, avant ou après la cantine selon les groupes d’âges, que nous pouvons monter des projets un peu plus conséquents et qui réclament un certain investissement.

Nous mettons en place des activités selon un thème choisi pour une période, généralement de vacances à vacances. En ce moment nous abordons « tour du monde ». Chaque midi, les enfants peuvent participer à l’animation de leur choix, il ne faut pas que la monotonie s’installe. Par le biais d’ateliers manuels, de danse, de jeux, de sport, ils découvrent les us et coutumes d’un pays. Une manière ludique d’enrichir sa culture générale.

Pourriez-vous illustrer vos missions par une action ou un projet mis en place sur la structure ?

J’attache de l’importance à transmettre certaines valeurs aux enfants. Je m’appuie sur mon vécu.

Je suis originaire de la Côte d’Ivoire. Les conditions de vie y sont difficiles. La précarité et la menace terroriste font partie du quotidien.

Régulièrement des bruits de pétards retentissent dans les villes. Tu sais que ce n’est ni des pétards ni un feu d’artifice, mais bien des bruits de tirs de mitraillettes.

Dans les rues, on rencontre des milices armes au poing.

Ces moments restent ancrés dans ton esprit.

Ce traumatisme peut ressurgir à n’importe quel moment au cours de ta vie.

Aucun enfant devrait subir de telles angoisses.

Ces situations changent ton regard sur la vie, tu apprends à apprécier chaque instant sans te poser trop de questions.

Tu prends du recul et tu t’aperçois que les choses les plus simples peuvent être belles et agréables et les petits ivoiriens malgré ce contexte, trouvent toujours un moyen de s’amuser ou de nouer des amitiés. Une poupée cassée sera un grand cadeau, un ballon permettra de faire jouer des dizaines d’enfants ensemble. Ils réussissent à s’évader et se divertir en puisant dans leur imaginaire et en faisant appel à leur créativité

Un jour, de retour sur mes terres natales en compagnie de mon fils, j’ai décidé de réaliser un petit reportage vidéo témoignant du quotidien des habitants de Côte d’Ivoire.

De retour en France, j’ai partagé cette expérience avec un groupe d’enfants. Je voulais éveiller leur conscience sans minimiser leurs propres soucis, leur faire toucher du doigt la chance que la grande majorité d’entre eux ont, de pouvoir aller à l’école pour s’instruire, manger à leur faim, posséder une multitude de jouets etc. Ce visionnage a été comme un électrochoc, c’est allé au-delà de ce que j’imaginais. Des petites mains se sont levées face à cette injustice. « Angèle, je voudrais donner un jouet pour ces enfants ! ». Tous se sont interrogés sur les moyens qu’ils avaient pour apporter un peu de bien-être à leurs camarades de l’autre bout du monde.

Formée à l’animation de conseils d’enfants et ayant déjà participé à des projets humanitaires, grâce à l’investissement de mon grand-père et mon père, j’ai proposé de monter une action. La communauté de communes et mes collègues m’ont soutenu dans cette aventure.

J’ai donc sollicité le réseau ivoirien de mon père pour concrétiser ce projet. Le Lions Clubs chargé de ce type d’évènements, m’a mis un container à disposition et tous les moyens nécessaires pour son acheminement vers sa destination.

L’idée était que les enfants de l’accueil de loisirs s’impliquent, mais qu’ils puissent aussi avoir un retour sur leur joli geste. Qu’ils voient leur jouet faire le bonheur d’autres enfants et ressentir la douce satisfaction du partage « de donner ce que l’on a aux autres », de la solidarité.

C’est sur le temps du mercredi, où nous avons les enfants en continue, que j’ai pu mettre en place cette action. Je voulais que ce soit un peu plus qu’un simple dépôt de jouets. Il fallait que les enfants soient acteurs, qu’ils trouvent eux-mêmes les solutions pour que leur souhait se réalise. Pendant les conseils, chacun a pu s’exprimer, proposer, débattre, prendre position, réfléchir, s’engager. Ils ont joué le jeu et ont laissé libre cours à leurs pensées. Mon rôle était de les conseiller, les guider et les rassurer. Parfois les solutions n’aboutissaient pas, l’important était de leur montrer que ce n’était pas grave, qu’ils avaient essayés et qu’ils allaient rebondir vers une autre idée, qu’on apprend de ses échecs.

Nous avons regardé des documentaires, comme « la route de l’école ». J’ai réalisé qu’ils ne savaient pas vraiment comment vivaient les enfants d’autres pays, et en particulier les pays d’Afrique. Un travail de plusieurs semaines s’est engagé sur ce thème.

Les enfants ont mobilisé du monde autour d’eux, le container a pu se remplir et prendre la route de la Côte d’Ivoire.

Quelques semaines plus tard, nous avons reçu des vidéos et des photos de la distribution, mais surtout des remerciements.

Cette expérience a été complète. Pas si simple à mener à bien, les discussions étaient parfois houleuses. Mais quelle satisfaction de voir le projet se réaliser et apporter un peu de joie à des enfants en détresse.

Au-delà de cet élan de solidarité, ça leur a permis de s’affirmer et de prendre confiance en eux. Ce n’est pas facile de débattre dans un groupe, il faut savoir argumenter pour convaincre.

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×